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Un peu d'histoire

Le Goûter matrimonial d'Ecaussinnes-Lalaing tire son origine d'une vieille tradition datant de plusieurs siècles.  En effet, à cette époque, les jeunes gens se rendaient devant la porte d'entrée des maisons habitées par une jeune fille pour planter, la nuit du 30 avril au 1er mai, un "mai" (petit arbre détaché de sa racine ou une forte branche).

Souvent, il s'agissait d'un hommage rendu à la vertu de celle qui en faisait l'objet, mais parfois, l'arbre ainsi planté était une critique, voire une injure sanglante. Aussi, l’intéressée avait-elle soin de le faire disparaître le plus rapidement possible.Cette coutume très ancienne fut probablement une source de graves désordres puisque, en 578, le concile d’Auxerre en interdit la continuation sous peine d’excommunication. Mais comme tant d’autres interdictions, la défense ne fut pas entendue. C’est pourquoi la plantation de l’arbre de mai se maintint, chez nous, jusque vers 1850.

C’est à cette époque que notre jeunesse masculine se contenta de planter, par hameau, un seul "mai" sur lequel elle attachait l’inscription suivante "HONNEUR AUX JEUNES FILLES DE ……… (Nom du Hameau)".

Aussi, les filles de l’époque n’hésitaient pas un seul instant à offrir à leur galant et aux amis de celui-ci, un goûter en remerciement de l’honneur qui leur était adressé.

En 1902, après avoir assisté à l'une de ces collations, Marcel Tricot, alors âgé de 19 ans, eût l'idée de faire une bonne farce à l'occasion du "mai " suivant, celui de 1903. En secret, il imprima, au moyen de caractères en caoutchouc, une affiche qu'il alla placarder la nuit près de l'église.

Ecaussinnes-Lalaing. - Place de la Bassée.  A l'occasion du "mai " planté en l'honneur de la jeunesse Lundi 1er juin 1903 (Pentecôte) A 4 heures GOUTER MONSTRE Offert par les 60 jeunes filles à marier du centre de la commune.

Etant délaissées par un grand nombre de nos concitoyens, nous prions les jeunes gens des environs de bien vouloir participer au dit goûter, et espérons avoir sous peu le plaisir d'assister à de nombreux mariages.Les 60 jeunes filles à marier. Plusieurs sont sur le point de coiffer Sainte Catherine.

N.B. Bien retenir la date 1er juin.

Poursuivant la plaisanterie, il adressa à 20 journalistes un communiqué accompagné du texte de l'affiche. Certains en demandèrent confirmation à l'administration communale et Monsieur Tricot père, qui officiait en qualité de secrétaire communal, répondit affirmativement. Le doute n'étant plus possible, ils publièrent et commentèrent cette idée originale.

A la lecture de cette affiche, des jeunes filles, à la poursuite d'un mari, adressèrent à l'administration communale leur requête matrimoniale et notre plaisantin, aidé de son ami Georges Wargnies se chargea de leur répondre par des lettres au contenu ardent. L'affaire paraissant bien lancée, il ne restait plus qu'à transformer la plaisanterie en réalité. C'est ce qu'ils firent. Un comité de jeunes filles fut constitué et l'on procéda à l'élection de la première Présidente.

C’est ainsi que le premier Goûter matrimonial vit arriver sur la Place de la Bassée une foule de jeunes gens. Mais l’initiative de nos jeunes filles ne fut pas accueillie favorablement par certaines personnes. Aussi, la Présidente éprouva-t-elle le désir d’expliquer les raisons de leur geste afin de réduire à néant les critiques formulées.

Le discours qu’elle prononça célébrait les douceurs de l’amour partagé. En voici quelques extraits :

Messieurs,

Lorsque parurent dans les journaux les quelques lignes annonçant aux célibataires du monde civilisé nos intentions matrimoniales, beaucoup de braves gens, imbus de principes surannés, firent chorus avec les quelques vertus effarouchées et plus ou moins suspectes pour nous accabler de leurs sarcasmes.

Si nous n’avions pas été fortes dans notre résolution, si nous n’avions pas été toutes animées de l’ardent désir de faire la connaissance de ceux que nous voudrions pouvoir un jour aimer avec toute l’ardeur du sublime amour conjugal, nous aurions, sans doute, abandonné ce projet un peu hardi, nous le reconnaissons, mais capable de détruire ces déplorables préjugés condamnant la jeune fille à attendre patiemment sous l’orme, le prince charmant, qui le plus souvent, se fait attendre ou qui, pour comble de malheur, ne vient jamais.

Et pour plaire à ces bonnes gens, nous aurions probablement dû nous vouer au célibat éternel, sacrifier nos trésors de tendresse et remercier la Providence de nous avoir faites les victimes de ces convenances absurdes qui régissent l’humanité.

Devant le spectacle inoubliable qui se présente à nos yeux, il est permis de se rendre compte de la faute énorme que nous aurait fait commettre notre défaillance. Nous sommes heureuses et fières d’être les vulgarisatrices d’un système qui ne manquera pas d’être adopté bientôt partout et facilitera d’une façon sérieuse les rapports entre les personnes désireuses de se plonger dans les douceurs de l’hymen. Vous n’êtes pas restés sourds à notre appel, Messieurs, parce que vous êtes convaincus que l’émancipation de la femme, ainsi comprise, est une chose excellente, que vous en bénéficierez au même titre que nous puisque les grands philosophes sont unanimes à proclamer que le bonheur réel ne réside que dans le mariage.

Vous venez de nous prouver que pour ceux qui ont du cœur, les distances ne sont rien; des quatre points cardinaux, vous êtes accourus en foule. Votre présence fait battre nos cœurs d’une divine allégresse. Nous vous en remercions tous et à tous, nous vous souhaitons la bienvenue.

De 1903 à 1905, le goûter se déroula traditionnellement sur la Place de la Bassée, mais en 1906, en raison d'une foule de plus en plus dense, il fut déplacé sur la Place de la Ronce, appelée actuellement Place des comtes van der Burch.En ce temps, toute la jeunesse féminine d'Ecaussinnes se réunissait pour élire sa Présidente, mais, peu à peu, ce choix fut confié à un comité restreint de jeunes filles. Depuis 1948, il est confié, ainsi que l’organisation du Goûter, à un groupement appelé "Les Amis du Folklore".

Chaque année, à l’approche de la Pentecôte, la population commence à s’agiter. L’un repeint la façade de sa maison; l’autre se prépare à recevoir ses invités. Les Amis du Folklore quant à eux, aidés des services communaux et de certaines sociétés privées procèdent, chacun dans leur domaine, à la décoration de la commune.

La fête, qui a toujours lieu le lundi de la Pentecôte, se déroule comme suit :

  • A 9 h, la Présidente et ses Demoiselles d’Honneur se rassemblent à l’Administration Communale où elles reçoivent, de 10 heures à midi, les invités. Là, ceux qui sont en possession d’une tasse-souvenir que l’on achète dans différents endroits de la localité, sont invités à signer Le Livre d’Or et à visiter le Musée du Folklore. A l’occasion, ils reçoivent, ce qui n’est nullement négligeable, l’accolade de la Présidente. Ils peuvent également s’inscrire comme "Candidat au mariage".
  • A 14 h, un cortège se forme du côté de la gare. Celui-ci est composé de chars folkloriques représentant les thèmes généraux du Goûter matrimonial. La Présidente et ses Demoiselles d’Honneur prennent place dans l’un d’eux et, du haut de celui-ci, elles distribuent des friandises tout au long des rues principales de la localité.
  • A 16 h, sur la Place des Comtes van der Burch, la Présidente déclare les festivités ouvertes. C’est à ce moment que l’on peut applaudir le tour de chant de certaines vedettes du disque et de la radio. Cette partie récréative tend à remplacer les bals publics d’antan, ce qui n’exclut nullement la possibilité de danser car bien du contraire, diverses parties de danses ont lieu bistrots de la commune.

Mais le Goûter matrimonial ce n’est pas seulement de beaux discours, c’est surtout les endroits discrets où vont s’échanger les premiers baisers et les premières caresses; ces endroits charmants portent les noms enchanteurs de Pont des Soupirs, Douces Arcades, Tunnel des Amoureux, Trou des Fées, Rocher des Belles Dames, car, à Ecaussinnes, Cité de l’Amour, tout est fait pour charmer et incliner à l’Amour. Aussi, le Goûter matrimonial ne se raconte pas, il se vit…

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