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Goûter matrimonial

Rendez-vous mondial des célibataires chaque année, le lundi de la Pentecôte.

De 1890 à 1910, le nombre de mariages ne cessant de diminuer à Écaussinnes, un joyeux luron d’Écaussinnes-Lalaing, Onésiphore, dit Marcel Tricot (1883-1963) eut l’idée de remettre à l’honneur la coutume de la plantation du " Mai " qui constitue, chez nous, l’expression d’un sentiment d’amour envers une jeune fille à marier.

Cette expression était anciennement matérialisée par la plantation, généralement la nuit, d’un bouleau, " l’arbre de mai " dépouillé de ses racines devant la maison de l’élue de son cœur.

A Écaussinnes-Lalaing, tout spécialement à la Bassée, aux hameaux du Pilori, de la Follie, de Triboureau et de Hubersart, les jeunes gens, les damoiseaux et les demoiselles surtout, avaient pour habitude de fêter au début de mai la venue du printemps, symbole du renouveau de la nature.

Généralement dans les hameaux, la plantation de " l’arbre de mai " se faisait dans la cour d’une ferme ou dans une prairie des environs. Une fois " l’arbre de mai " planté et décoré de rubans et d’oripeaux de toutes les couleurs, la fête pouvait commencer. D’une manière traditionnelle, elle consistait en des danses virvolvantes et tourbillonnantes à l’entour de l’arbre et des chants divers pendant les moments de pause. Parfois on y trouvait un musicien amateur, le plus souvent un accordéoniste.

A l’issue des réjouissances, les gentilles demoiselles offraient aux damoiseaux une légère collation : une mastelle, sorte de couque à pâte très dure que l’on trempe dans du chocolat chaud.

Mais cette cérémonie champêtre avait anciennement une signification magique : on estimait que seule une fête de la " Jeunesse " pouvait agir favorablement sur la nature et provoquer à coup sûr son renouveau. Avant toute chose, c’était l’occasion pour les garçons et les filles de se rencontrer, de mieux se connaître et, par conséquent, de se trouver certaines affinités. Il est évident que dans beaucoup de cas, le jeune homme et la jeune fille s’étaient depuis belle lurette témoignés leur flamme et leur amour.

Le choix d’un bouleau n’est pas aussi anodin qu’on le croit. Ainsi, la plantation d’un arbre devant ou sous les fenêtres de la maison d’une jeune fille avait-elle, selon l’essence ou la matière employée, une signification particulière qui reflétait bien ce que l’opinion publique pensait de la fille concernée.

Aux Écaussinnes le houx signifiait : fille méprisante, hautaine, qui s’y frotte s’y pique ; le hêtre : la paresse ; le peuplier : la malpropreté physique et morale ; la paille : l’avarice ; le cerisier : vous êtes trop généreuse de vos faveurs ; le sureau : vous êtes douce et fière ; l’arbuste sans feuille : l’inconduite de la jeune fille ; le coudrier : l’honnêteté ; l’aubépine : ma belle, vous êtes fine et piquante. Quant au bouleau, il annonçait tout un programme : tu es mon aimée. Ce qui conduisit un poète anonyme à écrire sur la plantation du "Mai" :

Claire est la nuit : les bois verdissent
Le chemin est tout embaumé
De muguets qui s’épanouissent
Et nous sommes au mois de mai.
A minuit parmi les cépées
Voilà qu’on entend à la fois
Un fracas de branches coupées
Et de joyeux éclats de voix.
Ce sont des garçons du village
Qui se glissent dans les taillis

Troublant les chevreuils au passage
Et les rossignols dans leurs nids.
Au fond des combes parfumées
Ils vont narguant les forestiers
Dérober pour leur fiancée
Un " Mai " printanier.
A la porte de la mignonne,
Demain, quand le soleil luira,
Le " Mai " bercera sa couronne
Enrubannée.. et l’on ira.

C’est en voulant remédier à la pénurie de mariages à Écaussinnes-Lalaing que Marcel Tricot eut l’idée de faire une publicité tapageuse autour de l’ancestral coutume de la plantation de " l’arbre de mai ". En secret, au début du mois de mai 1903, au moyen de caractères d’imprimerie en caoutchouc, il rédigea quelques affiches annonçant que 60 jeunes filles à marier du centre de la commune d’Écaussinnes-Lalaing offraient aux célibataires du cru, le lundi 1 er juin 1903 (Pentecôte), un " Goûter Monstre " à l’occasion du " Mai " planté en l’honneur de la jeunesse. Aussitôt les affiches terminées, il alla, la nuit, les placarder aux lieux habituels de l’affichage mais aussi sur la porte des maisons communales, des églises de Saint-Rémy et de Sainte-Aldegonde, et des cimetières.

Poursuivant ses " arsouillerie ", il envoya une copie de son affiche à 13 journaux du pays. Son père, Cyrille, secrétaire communal à Écaussinnes-Lalaing, jouant le jeu du fils, répondit affirmativement aux questions que les diverses réactions lui posaient. Oui, le 1 er juin, les filles à marier du village invitaient les célibataires locaux à un goûter monstre… Il n’en fallait pas plus pour la presse nationale d’informer les lecteurs. Ainsi naquit sur la place Georges Wargnies ainsi baptisée en l’honneur de son complice et ami, le premier " Goûter Matrimonial d’Écaussinnes-Lalaing ". Bien évidemment, Marcel Tricot ignorait superbement que son " arsouillerie " aurait une renommée internationale, USA et Japon y compris.

D’après un texte de C. Brismé (C.I.H.L.)

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